Le chômage recule en milieu urbain et augmente en milieu rural.
Presque toutes les tranches d’âge sont concernées par la baisse.
145 000 emplois nets ont été créés au troisième trimestre de 2008.
Le niveau du chômage stagne à 9,9% au troisième trimestre de cette année par rapport à la même période de 2007, selon la dernière enquête sur l’emploi du Haut commissariat au plan (HCP).
Il a, toutefois, légèrement diminué en milieu urbain (15,5% contre 15,9% une année auparavant), mais augmenté dans les mêmes proportions dans le rural (en passant de 3,5% à 3,9% entre les deux périodes). Ceci paraît évidemment «logique» au regard de la mauvaise campagne agricole de 2007/2008, sachant que l’essentiel de l’emploi en milieu rural est lié à l’agriculture.
D’ailleurs, l’enquête du HCP le montre bien : l’ensemble des emplois créés (337 000) sont des emplois rémunérés, par conséquent peu liés à l’agriculture (où le salariat est peu répandu), même si 151 000 créations l’ont été dans les campagnes (sans doute dans les services et le BTP), et 186 000 dans les villes.
En revanche, l’emploi non rémunéré, constitué généralement des aides familiales, a baissé de 192 000 postes, dont le gros en milieu rural (- 169 000 postes). Le poids de l’agriculture (à tous points de vue, d’ailleurs) apparaît très clairement ici.
Moyennant quoi, les emplois nets créés entre les deux périodes s’élèvent à 145 000 postes. Avec ces créations, le volume global de l’emploi au Maroc est passé de 10 030 000 au troisième trimestre 2007 à 10 175 000 à la même période de 2008.
La population active étant de 11 298 000 (+ 1,5% par rapport à la même période de 2007), le nombre de chômeurs s’élève donc à 1 123 000, soit une progression de 2,3% (ou + 25 000 chômeurs, dont 5 000 dans les villes et 20 000 dans les campagnes).
Pour autant, le taux de chômage au niveau national est resté le même (9,9%) qu’au troisième trimestre de 2007 ; ceci s’expliquant bien évidemment par l’augmentation de la population active, exclusivement en milieu urbain (5 864 000 contre 5697 000 un an auparavant), alors que, dans le rural, elle a tout simplement stagné (5 434 000 contre 5431 000 un an auparavant).
Le chômage féminin en légère hausse
L’enquête du HCP montre, par ailleurs, que le recul du chômage qui a été observé exclusivement en milieu urbain a concerné toutes les tranches d’âges de 25 ans à 45 ans avec, toutefois, des niveaux de baisse différenciés, selon les tranches : - 0,7 point pour les 25-34 ans, - 1,1 point pour les 35-44 ans, et - 0,1 point pour les 45 ans et plus.
Par contre, pour la tranche 15-24 ans, le chômage a augmenté de 1,3 point. Mais la baisse ne concerne que les hommes ; le chômage féminin a, lui, augmenté, quoique légèrement (+ 0,8 point).
Selon l’enquête du HCP, les principaux secteurs d’activité ayant généré des emplois, au niveau national, sont, sans surprise, d’abord les services (108 000 postes, soit + 2,9%), ensuite le BTP (62 000 ou + 7,4%), et, enfin, ce que le HCP appelle les «activités mal désignées» (6 000 postes).
L’industrie a également créé des emplois (9 000 en milieu urbain), mais comme elle en a «détruit» en milieu rural (- 10 000), sa contribution à la création nette est donc négative.
Il faut cependant rappeler ici que ce troisième trimestre couvre les mois de juillet, août et septembre, soit une période généralement creuse, ce qui pourrait probablement expliquer que le niveau du chômage est élevé (9,9%), par rapport à ce qu’il a été au deuxième trimestre (9,1%) et au premier trimestre (9,6%) de cette année.
C’est d’ailleurs bien pour cette raison (les variations saisonnières) que la comparaison se fait toujours avec la même période de l’année précédente.
Tout semble indiquer que le bon démarrage de la campagne agricole 2008/2009, grâce notamment à une pluviométrie abondante, fera que le niveau du chômage au quatrième trimestre, et, in fine, sur l’ensemble de l’année 2008, s’inscrira très vraisemblablement à la baisse.
Il y a une dynamique de baisse du niveau du chômage au niveau national qui est réelle (voir graphique). En particulier en milieu urbain. Les contre-performances, en matière d’emploi, sont surtout enregistrées en milieu rural où, comme déjà indiqué, l’emploi dépend beaucoup du comportement du secteur agricole.
Mais, progressivement, même dans les campagnes et dans les zones périurbaines, des industries et des services se mettent en place, ce que semble d’ailleurs corroborer la hausse tendancielle du salariat, et surtout de l’emploi rémunéré, ainsi que de l’auto-emploi.
Les données du HCP montrent, en effet, que l’emploi rémunéré, par exemple, est passé de 72,9% à 75,1% entre les deux périodes considérées. Idem pour l’auto-emploi qui grimpe de 40,1% à 42,8%.
Mais la déconnexion de l’emploi par rapport à l’agriculture dépendra du rythme d’introduction des services et des industries dans les campagnes, toutes choses liées à la mise en place d’infrastructures de base.
A défaut, les jeunes d’aujourd’hui, qui se détournent de plus en plus des activités agricoles (peu, voire pas du tout rémunératrices) n’auraient d’autre choix que de venir gonfler les rangs des chômeurs...
Salah Agueniou