Natif de Tamlalt " La gazelle " village perch� entre Bou Malne N�Dad�s et Msemrir; village de montagne o� il neige et o� le froid gerce les mains,village isol� en hiver par les chutes de neige, et toute l�ann�e par l�inexistence d�une piste carrossable.
Pourquoi cette description somme toute banale puisque lot de plusieurs dizaines de villages du Maroc ? Parce que malgr� toutes ces difficult�s, Moha Mellal a pu dessiner et jouer de la musique avant d�avoir vu sa premi�re voiture. Gr�ce � son p�re, mineur � Bou wazar, le jeune gar�on, �g� de moins de six ans, avait eu entre les mains de pleins cartons de bandes dessin�es et un petit atelier bien fourni en outils pour fabriquer ses voitures imaginaires avec du fil de fer et des bidons, ainsi que ses propres instruments de musique et ceux de ses copains.
Á six ans, il avait commenc� � dessiner le portrait de ce p�re souvent absent car travaillant loin de sa famille et � reproduire, spontan�ment, avec des crayons de couleurs, tout ce qu�il voyait et tout ce qui lui plaisait.
Si ses �tudes primaires s��taient d�roul�es sans trop de difficult�s car il y avait une �cole � Tamelalt, ses �tudes secondaires furent un calvaire. Seul son amour pour le dessin allait le sauver de l�ignorance et lui donner le courage d�affronter le froid glacilal des matins d�hiver pour traverser le passage �troit et glissant de la montagne, passage au nom lugubrement �vocateur de Zouj D�El koufen  Deux linceuls  un petit pont en bois verglac�, glissant qu�il traversait, � cinq heures du matin et � vingt heures, avec le peu d��l�ves qui avaient le courage de se r�veiller � cette heure indue pour aller de Tamlalt au coll�ge de Bou Malne,chaque jour. Les jeunes coll�giens traversaient � genoux et en s�accrochant de leurs petites mains sur le bois glac�, ce pont branlant pour ne pas glisser et tomber dans le ravin. L�une des s�urs de Moha Mellal y avait laiss� la vie. C�est la peur au ventre que sa m�re le voyait souvent partir sous la neige ou dans une brume � couper au couteau quand, de guerre lasse, devant l�ent�tement de son fils, apr�s avoir tout essay� de l�emp�cher de partir de peur de le perdre, le laissait partir mais ne retrouvant ses esprits qu�apr�s le retour de Moha, � vingt heures, dans la nuit tomb�e.
Á douze ans, il re�oit enfin sa premi�re guitare, offerte par son p�re. Il jouait, tout seul, les chansons qu�il entendait mais composait aussi les siennes. Il enregistrait ses morceaux sur un magn�tophone et se r��coutait pour s�auto critiquer.
Plusieurs ann�es plus tard, autant il �tait reconnaissant � certains de ses professeurs qui avaient d�couvert en lui une graine d�artiste et l�avaient encourag�, autant il en voulait � un professeur natif de son village qui,chaque matin, l�envoyait au tableau et moquait ses mains gerc�es devant ses petits amis � tel point que Moha les cachait, tellement il avait honte, non pas de ses mains, mais de son professeur qui savait le martyr que subissaient les enfants de Tamlelat avant d�arriver au coll�ge de Boumalne. Il n�eut de cesse qu�apr�s le lui avoir dit le jour o� il le rencontra quelques ann�es plus tard !
Si, aujourd�hui, Moha Mellal a su trouver sa place dans le mouvement artistique marocain et international en g�n�ral et amazighe en particulier, c�est gr�ce � sa pers�v�rance et son s�rieux. Son style musical pr�curseur d�un mouvement moderne qui exprime la renaissance d�une culture amazighe plusieurs fois mill�naires,ouvre la voie � une renaissance � laquelle participe toute une nouvelle g�n�ration fi�re de son amazighit�. Pourvu que l�institutionnalisation et la constitutionnalisation de la langue amazighe donnent une impulsion aux artistes afin de s��panouir plus librement loin des contraintes d�une lutte militantiste qui prend beaucoup de temps au d�triment de la cr�ativit� artistique.

Moha SOUAG
Errachidia 12.12.2011