L'Innommable, par Mohamed Agoujil

Texte didi� aux �mes innocentes, victimes de l'ignoble et barbare crime perp�tr� a Marrakech, en pleine Jamaa Lafna, espace mythique par excellence, au coeur du Maroc, mon pays bless�.

On traverse le trottoir
O�, un soir
L�on �tale la m�moire,
Pour offrir aux sens
La splendeur mythique
Des mots aux senteurs
De paix et de tol�rance,
Quand de son bec de hibou,
L�Innommable,
Au regard hagard mais malin,
Menace d��crire sur les nu�es,
En usant de mon sang,
Les noms de l�horreur
Comme une d�chirure saignante
Grav�e sur le front de l�humain en nous.

A qui t�adresses �tu
Quand ta voix hulule ?
Puisque
Sur les murs d�lav�s
Des cris et des pleurs d�noncent tes visages cach�s?

On traverse un soir
La vie d�un mill�naire
Qu�exhale la bravoure des anc�tres
Aux senteurs de romarin
A l�aura d�Azir et de menthe
Et l�on pr�te l�oreille,
Las et sans app�tit,
Attrist� et afflig�,
Aux explosions qui chassent la vie de nos corps
Nous accusent d��tre innocents,
Et surtout�heureux du printemps.

Le pr�sent trahit toutes les saisons
Aura-t-il encore
Une excuse � d�fendre?

On traverse un matin
Cet espace fini
Qui parle d�un infini
Dans le recueillement des Saints,
Et l�on se prosterne,
Fid�le,
A la parole que, de la mort,
Nous apprend la vie,
Le jour de la naissance :

Notre vie ne peut jamais �tre qu�humaine ou rien.

M�me,
Terrass�s de douleurs,
Hant�s de peurs,
Je panserai mes blessures
Avancerai encore,

Pour que de l�abyme que tu s�mes
Renaisse et fleurisse la vie.

De loin tu me viens,
Ö Innommable
Tu n�as jamais �t� des miens.
Puisqu�on n�est�
Qu�humain ou pas humain.

Mohamed Agoujil

(1) Azir: LE romarin en tamazight