Le festival de musique des cimes d'Imilchil
dans la presse
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Festival d'Imilchil ou
le Moussem des Fiançailles
C'est samedi 31 août
qu'a pris fin la sixième édition du festival des
musiques des cimes à Imilchil après trois jours de
festivités, de rencontres et de découvertes. Ce festival
a été crée en 2003 pour rendre ses titres de noblesses
au célèbre Moussem des Fiançailles dont l'image s'est
lamentablement écornée au fil des années. Certains
mauvais esprits qualifiaient même ce moussem de « souk
de prostituées » car certains locaux ont été accusés
d'organiser des mariages en masse dans le seul but
d'attirer le plus possible les touristes dans la
région.Imilchil est une bourgade située à 2200 mètres
d'altitude au cœur du Haut Atlas dans la province d'Errachidia.
Lorsque ce festival a été crée en 2003, les
organisateurs avaient pour ambition de promouvoir le
tourisme de montagne et de contribuer au développement
économique des localités enclavées d'Imilchil, une
région rurale, extrêmement pauvre et sans aucune
infrastructure de base. En effet, une telle
manifestation permet aux habitants démunis d'améliorer
leur niveau de vie. Leur revenu peut atteindre les 8000
dirhams l'année soit 4 fois plus que leur revenu
habituel et ce grâce à l'argent des touristes dépensé
dans les hôtels, restaurants et achats de souvenirs
divers. Mouni Kajji, membre du Centre Tarik Ibn Ziad qui
organise ce festival, explique que la population d'Imilchil
souhaiterait que ce festival dure plus de trois jours
pour avoir un maximum de retombées économiques sur la
région.
Cette année, le budget prévu est d'un million de
dirhams, un budget qui n'est pas énorme selon Mouni
Kajji mais qui aide, comme il le dit « à faire le
bonheur de la région ». L'édition de cette année était
placée sous le signe de la tolérance et de la rencontre
interculturelle. Des troupes internationales ont été
invitées. Ces troupes viennent de régions montagneuses
de certains pays. Il y avait celles de Haribi du Japon,
Jazz Mood d'Italie, Serencza de Pologne et Warana du
Pérou qui ont joué des musiques folkloriques. Les
troupes marocaines étaient également de la fête venant
de l'Atlas, du Rif et du Souss. Elles ont fait vibrer
les soirées de ce festival avec des danses et chants
traditionnels de ces régions.
Le temps fort de ce festival c'est sans aucun doute le
Moussem des Fiançailles qui se tient au village d'Aït
Ameur à une vingtaine de kilomètres d'Imilchil depuis
plus de quarante ans. Ce moussem est certainement le
moussem marocain le plus connu au monde. Il attire
chaque année des centaines de touristes. Certains
comparent même la renommée internationale de ce moussem
au Festival américain de Woodstock.
Derrière ce moussem se cache une très belle légende, une
histoire d'amour à la Roméo et Juliette qui a fait le
tour du monde. Il y a très longtemps un jeune homme et
une jeune femme étaient fou amoureux l'un de l'autre.
Ils décidèrent de se marier. Mais les familles des deux
jeunes gens refusèrent cette union car ils appartenaient
à deux factions différentes. L'une des Aït Yazza et
l'autre des Aït Brahim. Il était hors de question que
les enfants de ces deux familles puissent s'unir. Pour
se retrouver à jamais, le jeune couple prit la décision
de se tuer en se jetant chacun dans un des lacs Isli et
Tislit.
Une autre version de l'histoire raconte que les jeunes
gens finirent par se marier en cachette mais ils
pleurèrent tellement que leur larmes formèrent deux lacs
: le lac Isli formé par les larmes de la jeune femme et
le lac Tisli formé par celles du jeune homme. La mort du
couple a marqué à jamais le village. Et depuis, les
différentes factions familiales décidèrent de ne plus
interdire l'union entre un homme et une femme qui
s'aimaient. Ainsi, une fois par an, les jeunes
villageois peuvent choisir librement leur conjoint.
Cette année, le moussem a permis à une vingtaine de
couples de se marier. Comme le veut la tradition, les
fiancés vêtus du costume traditionnel et les femmes
parées de bijoux berbères doivent visiter le Mausolée
Sidi Ahmed Oulmghani. Ce saint est le protecteur de
bétail et le saint patron des bergers. Viennent ensuite
les conclusions de mariage. Des Adouls, vérifient les
documents des prétendants au mariage conformément à la
législation en vigueur. Chacun des couples a eu
également droit à une aide financière. Les festivités
commencent avec des chants et des danses populaires. Au
troisième jour du festival, tous les mariés se rendent
aux lacs d'Isli et de Tislit pour une visite
traditionnelle.
Moussem mais aussi foire
Le Moussem d'Imilchil n'est pas seulement une
célébration de mariage mais c'est également une
véritable foire annuelle qui fête la fin de la récolte
agricole. Cette foire attire toutes les tribus berbères
de la région qui s'y rencontrent. Elles
s'approvisionnent en céréales, en couverture et en
vêtements avant l'arrivée de l'hiver et les chutes de
neige. Elles vendent aussi du bétail comme des chameaux
ou des chèvres et d'autres produits issus de leur
récolte.
Farida Lamrani
Yabiladi.com
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