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Le Festival Ravenna va célébrer à Meknès la culture de la Méditerranée
Publi� Le 20 / 06 / 2006 à 22:00 | Dans Art & Culture | 1869 Lectures | E-mail Article | Imprimer Article

    C'est un événement à la fois spectaculaire et grandiose, l'un des rares grands moments dédiés à l'art et à la musique, que la ville de Meknès s'apprête à vivre le 17 juillet prochain. Fruit d'une coopération entre le gouvernement italien et la ville de Meknès dans toutes ses composantes (wilaya, Conseil municipal et opérateurs), la 10e édition du prestigieux Festival Ravenna se produira sur la Place Lahdim, transformée depuis quelques semaines en chantier.

C'est le maestro international Ricardo Muti, figure emblématique de la musique classique, virtuose célébré à travers le monde entier, qui conduira la soirée et l'orchestre philharmonique qu'il dirige.

A cet effet, dans le cadre des préparatifs d'un aussi exceptionnel événement, Hassan Aourid, wali de la Région Meknès-Tafilalet, a donné mardi une conférence de presse à laquelle ont participé, outre les représentants de la presse nationale et italienne, le président du Conseil municipal, M. Belkora, Ricardo Smimmo, premier secrétaire de l'ambassade d'Italie à Rabat, les élus de la Région, les opérateurs économiques et plusieurs autres personnalités.

D'emblée, M. Aourid a estimé que «le plus grand événement culturel organisé par l'Italie au Maroc sera le Festival de Ravenna». Une manière d'introduction qui fixe les enjeux, mais surtout donne le ton d'une manifestation à laquelle le gouvernement italien, appuyé par des opérateurs italiens comme Telecom Italia, accorde la plus grande attention.

Hassan Aourid a exposé les différentes étapes ayant conduit au choix de Meknès pour abriter le festival, à l'organisation minutieuse de ses séquences, aux travaux de réfection de la Place Lahdim où se déroulera le concert à l'ombre de la prestigieuse Bab Al-Mansour, dont une copie en taille réelle avait été transportée il y a un peu plus de dix ans sur la Place de la Concorde à Paris dans le cadre de l'Année du Maroc en France.

Le wali de la Région Meknès-Tafilalet a rappelé qu'il y a quelques semaines, un véritable engouement s'est emparé de la presse d'Italie après qu'une conférence ait été donnée à Milan pour présenter le projet de concert. De ce fait, la presse italienne et les organisateurs comme Mazzavillani Muti, épouse du maestro et en même temps présidente et âme du Festival Ravenna, ont qualifié Meknès de la «première et la plus belle ville impériale du Maroc». Ce témoignage spontané et unanime, le wali de Meknès le cite volontiers parce qu'il traduit en vérité une vision objective qui a convaincu les uns et les autres à choisir la capitale ismaélienne pour abriter le concert.

Mieux que cela, le prestige de Meknès ne rayonne-t-il pas sur tout le Royaume ? Hassan Aourid a rappelé avec bonheur la belle métaphore de S.M. le Roi selon laquelle «le Maroc est l'Occident de l'Orient et l'Orient de l'Occident». Il place, en effet, l'événement sous le signe de «dialogue de civilisations et d'interaction culturelle». Brossant le parcours du festival, il a rappelé la naissance du Festival de Ravenna à Sarajevo en 1997, alors que la Bosnie Herzégovine, meurtrie et en ruines, sortait exsangue d'un conflit de près de dix ans.

Raicardo Muti, maître incontesté de la musique, s'était rendu à Sarajevo en compagnie de son orchestre philharmonique de la Scala et jeta ainsi les premiers jalons de «ce pont de l'amitié et de la paix» en hommage aux milliers de morts d'une ville saccagée, ravagée par la guerre. «C'était donc une voix de paix, une voix de consolation», a souligné M. Aourid qui a indiqué que «depuis, l'idée de Ravenna a fait son chemin, elle est devenue un pont d'amitié, que l'Italie, fidèle à une tradition historique -celle de la mare nostrum- offre chaque année ce grand moment dans un pays méditerranéen.

Et le choix n'est jamais fortuit et celui de Meknès non plus…». Il a précisé que le choix du lieu –Meknès- obéit à une philosophie, la Méditerranée, creuset des civilisations. Or, Meknès est aussi une ville méditerranéenne, peut-être pas géographiquement, a-t-il précisé, mais au sens de l'histoire : «il y a les vestiges de Volubilis qui nous rappellent justement cet ancrage méditerranéen et incarnant trois mille ans d'histoire, qui nous parlent pour paraphraser Napoléon…A chaque fois que je me rends à Volubilis, je me rappelle toujours ce grand Roi qui est des nôtres, Juba II qui incarnait la quintessence de cette interaction culturelle.

C'était un berbère, certes, mais imprégné de culture grecque, latine aussi, qui maîtrisait à la perfection autant le latin que le grec !».
Et Hassan Aourid, tout à sa passion esthétique, d'affirmer que «dans le parcours de cette ville il y a trois moments forts qui ont incarné la symbiose entre les deux rives, parce que je ne vois pas de devenir de l'humanité que par une interaction entre l'Orient et l'Occident. Il y a la période romaine, incarnée et cristallisée par Volubilis ; il y a la période, douloureuse certes, de ce qu'on a appelé la guerre des Corsaires qui était pourtant culturellement riche et grâce à laquelle on avait eu quelqu'un qui s'appelle Léon l'Africain, capturé par des Corsaires et qui avait été conduit à Rome chez le Pape pour devenir par la suite l'un des grands faiseurs de la Renaissance.

Le troisième grand moment de cette interaction nous est tout proche puisqu'il correspond au protectorat français. Ce n'est pas sans raison que la ville de Meknès était qualifiée de «Petit Paris», elle renoue aujourd'hui avec sa vocation à travers ce grand festival de Ravenna..»
Avant de conclure son intervention, Hassan Aourid a rappelé que la deuxième visite à un Etat étranger, au lendemain de son accession au Trône, S.M. le Roi Mohammed VI l'a effectuée en Italie, donnant ainsi tout un sens politique et économique aux choix diplomatiques du Maroc. Et de rappeler que le pays où les Marocains qui émigrent réussissent le mieux, c'est l'Italie…

Ricardo Smimmo, premier secrétaire de l'ambassade d'Italie, a rebondi sur cette dernière idée, précisant en effet qu'à Milan le plus grand nombre de créations d'entreprises nouvelles revient à des Marocains installés en Italie.

Il a estimé que la ville de Meknès, qui accueillera le plus grand festival -un avion spécial italien sera affrété, avec à son bord près de 400 personnalités dont Maroc Tronchetti Provera, président de Telecom Italia- relèvera un véritable challenge.
Toute l'Italie artistique a les yeux rivés sur cette manifestation où elle se sentira projetée. Quant à Ricardo Muti, il a souhaité aussi jouer avec des musiciens locaux. Son épouse, Mazzavillani Muti précise : «on va au Maroc, à la Place Lahdim, au cœur de la Médina. Nous avons demandé à ce que rien ne change, notamment la faïence verte qui est la couleur de l'Islam et aussi le symbole de l'espoir et de la modération.

Nous sommes enchantés de jouer sur un lieu authentique». Le Festival Ravenna, que l'on peut aussi comparer aux grands festivals comme celui de Bayreuth en Autriche, est organisé une fois par an. Après Sarajevo, Beyrouth (Liban), Jérusalem, Moscou, Erevan, Istanbul, New York, Le Caire, Damas et El Djem, la ville de Meknès, dont la ressemblance historique et architecturale s'apparente à Florence en Toscane, accueillera donc la manifestation.

Il sera couvert par la presse nationale et internationale, notamment la chaîne de télévision Rai Internationale et plusieurs journaux et radios.
 
 
 
Hassan Alaoui | LE MATIN